· 

L'orgueilleux, ce malheureux ! (4)

La force et le pouvoir que l’orgueil semble procurer ne représentent qu’une illusion, car, en réalité, l’orgueilleux est toujours perdant.

L’orgueilleux est celui qui se connaît le moins. Il est tellement infatué de lui-même que toute tentative pour l’éclairer s’avérerait sans succès. Il ne veut rien savoir. L’orgueilleux ne tolère aucune contradiction.

 

Piégé dans sa souffrance

Parce que l'esprit de contradiction rend les relations humaines très désagréables et quasiment impossibles, on peut comprendre que la personne qui en souffre tende à se réfugier dans un triste isolement.

 

Voilà les différents orgueilleux :

·         La « mauvaise foi » : face à un message désagréable pour son ego, l'orgueilleux attaque la source du message. Si quelqu’un le critique, il trouvera un raisonnement qui décrédibilisera la personne ou lui fera un procès d’intention « Il a dit ça parce qu’il ne m’aime pas. ». Face à un échec ou une difficulté, il reportera systématiquement la faute sur autrui et ne remettra jamais en cause son propre comportement.

·         Le jaloux : il ressent le succès ou la joie d’autrui comme une menace pour son ego. C’est pourquoi, il souffre et, dans les cas graves, cherche à nuire à autrui de façon à faire disparaître cette anomalie « C’est l’autre qui reçoit alors que c’est moi qui suis au centre et au sommet. ».

·         Le frimeur : il compense son angoisse face à la mise à mal de son ego, en se construisant une image artificielle devant les autres. Pour oublier la réalité qui ne lui est pas clémente, il essaie de se fabriquer une sorte de réalité substitutive dans le regard des autres « Je suis bien au centre du monde puisque tout le monde me regarde avec admiration. ».

·         Le timide : sa stratégie pour que son illusion se maintienne est de se retirer et de chercher, autant que possible, à éviter les coups du réel. Il vit dans la peur et la paralysie : surtout ne pas bouger, pour ne pas réveiller la douloureuse réalité.

·         Le « Je suis nul ! » : il voit bien que son ego est illusoire et il est conscient de son insignifiance. Comme il ne se voit pas au sommet, il estime qu’il est au fond et se désespère, car au fond de lui, il estime devoir occuper une place plus élevée. Sournoisement, l’illusion est donc encore là et il s’y accroche.

 

Par ailleurs, les échecs et les épreuves conduisent l'orgueilleux au désespoir, parce que, s'appuyant sur lui-même, il se ferme au monde de la grâce. Pour continuer à espérer lorsque tout va mal, est absolument requise l'humilité du cœur. Sans l'humilité, il est impossible d'avoir confiance en Dieu.

Le refus total de se mettre en danger cache parfois des douleurs et des plaies émotionnelles bien profondes. Celui qui veut guérir de ces plaies n’en guérira jamais s’il ne prend pas le risque de changer son point de vue, son attitude, sa vision, son comportement, en prenant sa croix chaque jour.

En fait, l’orgueil fait parti de l’EGO, cette partie en nous qui inclut nos multiples personnalités créées à un moment de notre existence pour nous inciter à prendre notre place et nous aider à moins souffrir. L’orgueil durcit notre cœur en nous empêchant d’aimer nos semblables.

 

L’orgueil découle toujours de la peur consciente ou inconsciente de ne pas être aimé. Le grand orgueilleux ne veut pas admettre qu’il éprouve des peurs qui peuvent être, en autres, celles d’être incompris, jugé, rejeté, de perdre la face, de ne pas être à la hauteur et toutes celles où l’orgueilleux sent un besoin compulsif de se comparer aux autres. En somme, il symbolise un grand manque de confiance en lui. C’est pour cette raison qu’il se compare en mieux aux autres. Il recherche ainsi à être estimé par son entourage. Ce manque de confiance fait en sorte qu’il est incapable d’avoir de l’estime pour lui même, de se faire des compliments, en somme de s’aimer. Voilà d’où provient son besoin de l’extérieur, c’est à dire sa recherche de l’amour des autres pour être heureux. Il devient de ce fait et à son insu quelqu’un de dépendant.

 

L’orgueil est avant tout d'un défaut de maturité affective, lié aux vécus de l’enfance. L’orgueilleux adulte fut un enfant mal aimé, voire maltraité, ou ignoré. Sa seule solution pour ne pas sombrer est de chercher coûte que coûte un moyen de sa valoriser. Il sera un excellent élève assoiffé de l’appréciation des professeurs, ou un musicien hors pair, ou un talentueux quelconque. Parfois même, il n’a pas de quoi se pavaner, mais sa survie émotionnelle le fera se regarder exagérément comme important. Plus ce comportement orgueilleux est maintenu, entretenu, plus il prend du pouvoir, ce qui engendre continuellement la peur de ne pas être aimé ou d’être rejeté. Plus cette peur est alimentée et plus elle devient forte.

 

C’est ce qui fait que plus une personne a un comportement orgueilleux, plus elle se fait rejeter par les autres qui ne veulent pas de sa compagnie et plus elle cherche leur approbation. Voilà le cercle vicieux de l’orgueil !

Pour contrer l’orgueil, nous devons reconnaître et avouer notre peur : le REJET.

 

Tout individu possède sa part d’orgueil et de fierté. Néanmoins, la différence est grande entre les deux. Un orgueil démesuré conduit indubitablement à une vanité intolérable. L’orgueil ne vous apportera jamais de bonnes choses. Celui qui a un comportement très orgueilleux ouvertement avec son entourage donne souvent l'impression d'une grande confiance en lui. Mais sa façon d'agir dénote qu'il se déprécie et c'est la raison pour laquelle il essaie autant de les impressionner avec sa performance ou ses connaissances. Il devient donc impératif de devenir conscient de notre orgueil afin d'y remédier au plus tôt. Sinon, le prix est cher à payer, surtout au niveau des relations avec les autres et de l'estime de soi.

 

Il y a un remède ! Laissons Dieu, au travers de l’Évangile, ce miroir, nous montrer ce que nous sommes réellement. Humilions-nous et crions à Lui pour être délivrés de l’orgueil. Le miracle peut venir subitement, mais parfois, c’est l’œuvre de toute une vie, sur le chemin de la croix. 

Écrire commentaire

Commentaires: 0